Les 3 choses fondamentales qui nous empêchent de bien apprendre... Et 3 clefs pour surmonter ces difficultés !

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Tout xaux

Si vous pensez qu’ingurgiter des tonnes de livres, de cours, de connaissances en saupoudrant le tout de méthodes à la pointe de la pédagogie vous permettrait de bien apprendre... Vous avez tout faux.

La réalité est à la fois bien plus simple, mais demande aussi un travail et une compréhension bien plus en profondeur...

Ce n’est pas vraiment de votre faute si vous croyez ça. Cette croyance (qu’il y a de bonnes méthodes pour apprendre, et qu’il suffit de faire des efforts et d’y passer du temps pour y arriver) est assez largement répandue, parce qu’elle est simpliste.

Heureusement, il n’est pas trop tard pour réviser notre copie (pun intended). Je vais vous expliquer ce qui nous empêche d’apprendre, et aussi ce qui nous permet vraiment de bien apprendre, que l’on soit petit ou grand ! Je vous donne un petit aperçu des coulisses de ma pratique en orthopédagogie, c’est parti !


Confusion mentale

Vous avez déjà eu cette impression de pédaler dans la semoule pour apprendre une leçon (ou aider votre enfant à le faire) parce que vos pensées partent dans tous les sens ? Vous vous êtes déjà retrouvé bloqué devant un théorème ou un problème de mathématiques, en pensant que de toute manière vous êtes « nul.le en maths » (« et parce qu’en plus c’est bien connu, les filles sont moins fortes en maths ») ? Avez-vous déjà pensé « ah, la langue des signes ça me plaît, et ça me serait utile avec les enfants, je devrais l’apprendre » sans avoir jamais franchi le cap ?

Essayons de comprendre ce qui nous empêche d’avancer dans chacune de ces situations.

Obstacle #1 : LES CROYANCES

No way out Non, par « croyance », je n’entends pas « religion » (quoique, ça en fait partie aussi...). On pourrait aussi dire « préjugé ». Je parle ici de ces boîtes dans lesquelles on enferme nos idées, par confort et par sécurité, et desquels notre esprit tout entier fini par être emprisonné. Ce sont des idées toutes faites, qui prennent entre autres appui sur notre culture, et que l’on tient pour vraies sans prendre la peine d’y réfléchir ou de les questionner.

Penser qu’une femme est naturellement plus compétente en tant qu’infirmière qu’en tant que mécanicienne, c’est une croyance. Penser qu’un enfant ne peut pas être heureux s’il est élevé par deux personnes de même sexe est une croyance. Certaines de nos croyances sont indispensables et liées à notre survie. Si je n’avais pas la croyance que j’allais subir la gravité, je ne prendrai pas les escaliers et descendrait directement du 10ème étage... Pas très efficace question survie, vous en conviendrez. Pourtant, je n’ai jamais essayé. Une croyance, ça peut être confortable, ça peut être aussi utile que de faire une rapide recherche sur Google : on cherche rapidement dans le stock de nos préjugés pour prendre une décision. Le problème des croyances, c’est qu’elles vont mal avec les apprentissages. Elles limitent et enferment l’esprit au champ de ce que l’on tient pour vrai. Cette fermeture au monde est une disposition défavorable pour accueillir la nouveauté, réfléchir à un problème, intégrer de nouvelles connaissances... J’ai mentionné des exemples de préjugés venant de la culture, mais il y en a aussi venant d’un manque de clarté sur nous-même : « je ne suis pas capable de mémoriser ce schéma », « je n’arriverai pas à résoudre cette équation ». A l’école, ces préjugés deviennent vite devenir un piège pour les élèves :

Une spirale descendante

La tâche est difficile - J’échoue - Je me pense incapable - Mes émotions s’emballent - J’échoue - Je me pense encore plus incapable...

On en vient donc à nos émotions ...

Obstacle #2 : LES ÉMOTIONS EN ROUE LIBRE

Peut-être que je ne vous apprends rien avec une définition des émotions, mais je préfère m’assurer qu’on s’entende : j’entends par « émotion » le mouvement (emovere) qui nous traverse suite à un stimulus, et qui peut rester coincer, tels ces vilains moutons de poussière sous notre lit ! D’où la « roue libre », les émotions qui partent en vrille, que l’on subit, qui nous gâchent la vie !

spoiler : Ce n’est pas une fatalité !

belle colère Lorsqu’un enfant pique une crise parce qu’il n’y a pas son goûter préféré, qu’un adolescent est pris de panique face à un texte à lire, ou que, surexcités par les retrouvailles avec nos collègues de formation, nous peinons à nous concentrer sur le cours... Nos émotions prennent des proportions qui nous dépassent, et nous gênent, pour apprendre et pour vivre.

Nous pourrions parler en détails des émotions, car c’est un sujet passionnant... Mais pas aujourd’hui ! Prenons le cas de la peur, avec un petit exemple que vous avez peut-être déjà vécu : lorsqu’il s’agit d’apprendre une nouvelle langue, tout le monde sait qu’il faut pratiquer, s’entraîner, et si possible avec des natifs de la langue. Mais bien souvent, quand vient le moment de se lancer, on n’y arrive pas, les mots restent bloqués et on se sent tout à coup très timide, hésitants, muets ! Peur de l’échec, du rejet, du jugement des autres sur soi... C’est tout ce à quoi on s’expose avec le simple fait de passer à l’action, en parlant anglais. On s’expose aux conséquences, au monde... Mais en y pensant bien, vous me direz peut-être que la peur peut être un vrai moteur ! Et je suis d’accord, les émotions en général sont de formidables outils pour appréhender le monde et apprendre. Ce sont des marqueurs. Tant que les émotions ne nous débordent pas, nous pouvons les utiliser - et je vous en dit davantage juste après, promis ! D’abord, creusons un peu le 3ème obstacle, celui du mental hyperactif :

Obstacle #3 : LE MENTAL HYPERACTIF

Un mental un peu agité L’image du singe qui tape avec des cymbales dans votre tête, ou d’une boîte de nuit : c’est ça que j’entends par « mental hyperactif ». C’est tout simplement un « blabla » permanent, une petite voix dans votre tête qui commente tout, un flot de pensées ininterrompu... Qui prend toute la place. Un enfant qui « papillonne » ou semble « dans la Lune », qui a des difficultés à poser son attention ? Un ado qui vous parle à toute vitesse en sautant du coq à l’âne ? Cela peut être symptomatique d’un mental qui tourne un peu trop vite.

Malheureusement, cette tendance à générer beaucoup de pensées en tout sens et sans arrêt est souvent confondue avec les caractéristiques d’un intellect efficace, et d’aucun prétendent que cela caractériserait la douance... On peut lire ici et là des articles à propos de la « pensée en arborescence », qui décrit simplement une espèce d’emballement. On peut lire que c’est une « pensée foisonnante », qui « fuse dans tous les sens ». J’aimerais mettre en garde contre une confusion entre deux choses bien distinctes : d’une part la capacité à établir des liens entre différentes idées et à en générer de nouvelles, et de l’autre cette notion d’emballement.

Cerveau qui fume

Alors voici une idée à considérer : il est tout à fait possible de raisonner activement et efficacement, de réfléchir à différentes idées, d’être créatif, sans pour autant avoir l’esprit sans cesse assailli. C’est d’ailleurs même un fonctionnement plus sain. Pensez-y : votre cerveau est une voiture de course, conçu pour effectuer des tâches très complexes, pour apprendre, comprendre et mémoriser des concepts nouveau et les utiliser dans différents contextes. Si vous conduisez cette voiture de course au maximum de sa capacité sans jamais vous arrêtez, que pensez-vous qu’il se passe ?

Le mental hyperactif :

  • N’est pas de la spontanéité : c’est un bazar permanent et assourdissant.

  • Nous empêche de penser à l’action : quand j’ai terminé de me faire un petit film mental de tout ce que « je devrais / pourrais / aimerais faire aujourd’hui », la journée est déjà terminée

  • Renforce nos croyances car me maintient dans le mental et ne me permet pas de travailler sur mes préjugés. Prenez une salle de classe où tous les élèves s’agitent et parlent entre eux. Pendant ce temps, le professeur fait sa leçon. Qu’elle est la probabilité pour que les élèves retiennent ne serait-ce que 10% de la leçon ? Cette salle de classe, c’est l’état de notre mental lorsqu’on ne parvient pas à calmer son « blabla » intérieur. Cela résulte en des troubles ou perturbations plus ou moins fortes de l’attention.

« Qui veut aller loin ménage sa monture » Et heureusement, à tout âge, on peut apprendre à baisser le volume pour augmenter notre attention et notre disponibilité aux apprentissages !

Cf. https://www.bilan-psychologique.com/hp/pensee-en-arborescence.html https://www.penserchanger.com/pensee-en-arborescence/


une boucle positive

Bon, c’est bien joli de parler des problèmes (c’est tout de même important de savoir ce qui nous bloque) mais voyons quelques pistes pour avancer et parvenir à inverser la tendance :

Solution #1 : CULTIVER LA FLEXIBILITE (ouverture d’esprit)

Comment est-ce qu’on dépasse une croyance ou un préjugé, à votre avis ? Je suis sûre que vous pouvez imaginer quelques exemples de croyances que vous avez laissé tomber !

J’imagine que, soit vous vous êtes confronté à l’expérience (répétée) qui vous a prouvé que votre préjugé n’avait rien de vrai, soit (plus rare) vous avez tout simplement accepté que rien ne justifiait ce préjugé. Ce mode de fonctionnement est le même dans le cerveau, où les réseaux de neurones se renforcent à mesure qu’ils sont activés* (ajouter référence). Attention : cela vaut aussi bien pour renforcer une croyance que pour la défaire.

Muscler le cerveau

Voici la recette pour cultiver notre flexibilité et se rendre plus libre d’apprendre :

  1. Reconnaître le préjugé : faire la part de ce que je tiens pour vrai et de ce qui l’est réellement
  2. Expérimenter, expérimenter, expérimenter pour se confronter à la réalité
  3. Nettoyer pour faire de la place aux nouvelles connaissances

Attention : le mental hyperactif et les émotions peuvent venir renforcer nos préjugés !

Solution #2 : APPRIVOISER LES EMOTIONS SAUVAGES

And relax

Les émotions peuvent être de vrais alliés, une fois qu’on en comprend les mécanismes. Vous pouvez utiliser l’enthousiasme d’une formation en groupe pour mieux apprendre, utiliser cette peur de l’échec pour mettre le paquet sur vos révisions, ou encore utiliser votre énervement à l’encontre d’un professeur pour faire un contre-argumentaire recherché et méthodique ! Les émotions peuvent être le mouvement qui va vous faire avancer dans vos apprentissages. Pour ce faire, il est indispensable d’apprendre à les reconnaître, et surtout à les réguler, pour ne pas se laisser malmener par elles comme un bateau sans gouvernail dans une tempête. Il y a beaucoup de techniques et d’exercices simples, mais un travail personnel s’impose si l’on veut parvenir à faire de la sérénité notre milieu naturel.

Solution #3 : BAISSER LE VOLUME

cerveau qui galope

Qui parviendrait à se concentrer pour apprendre une leçon au milieu d’un concert de hard rock ? Pas moi en tout cas ! Et il me semble important d’apprendre à « baisser le volume » pour calmer son esprit dès le plus jeune âge, car c’est l’une des qualités essentiels qui nous permettra d’apprendre plus facilement. Sans cela, on pédale dans la semoule de nos propres pensées. Oui, mais comment faire ?

D’abord, écouter le bruit de nos pensées « foisonnantes ». A quoi ressemble-t-il ? Ensuite seulement, on peut apprendre à baisser le volume, jusqu’à parvenir au silence. Enfin, on pourra obtenir ce silence mental non seulement lorsqu’on est assis bien au calme, mais aussi dans la salle d’examen avec 200 autres étudiants, ou debout devant la classe pour résoudre une équation au tableau. C’est comme un super-pouvoir pour apprendre efficacement !

La vraie bonne nouvelle, c’est que tout ceci est à portée de main ! En somme, vous avez la capacité (et ça tombe bien, j’ai quelques outils pour vous aider à les développer !).

Pour résumer et aller un peu plus loin, apprendre efficacement nécessite trois éléments transverses :

  1. Un effort personnel : la solution à un problème ou blocage ne viendra jamais de l’extérieur, et n’arrivera pas non plus sans effort, elle vient de nous et du travail que nous fournissons.

  2. Une approche globale : penser s’attaquer aux problèmes d’apprentissage sans envisager la personne dans sa globalité, c’est essayer de maintenir à flot un bateau en vidant l’eau alors que la coque est percée. Vous pouvez payer très cher et très longtemps pour des méthodes incomplètes qui ne fournissent qu’une partie de la solution.

  3. Un accompagnement expert, qu’il ne faut pas hésiter à solliciter pour s’aider à y voir plus clair et ne pas se perdre.

prêt ?

On commence quand ?