Orthopédagogie : le soutien qui va au-delà du scolaire !

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Il y aurait beaucoup de choses à écrire sur ce sujet ! Mais j'ai groupé quelques uns des éléments principaux pour vous expliquer simplement les différences, autour de 7 différences principales.

Vous vous demandez quelle différence il peut bien y avoir entre le soutien scolaire et l'orthopédagogie ? La question est légitime, car il y a plusieurs points communs ! Orthopédagogie et soutien scolaire sont tous deux :

  • Des accompagnements temporaires
  • Réalisés en individuel, mais aussi parfois en groupe
  • Sur ou hors du temps scolaire
  • Avec une composante pédagogique
  • Et ayant pour objectif l'autonomie de l'élève !

Voilà, vous n'êtes pas beaucoup plus avancés sur la question (ne me remerciez pas 😃)… Place aux 7 différences :

Faire l’état des lieux :

Vous êtes ici L’orthopédagogue est recommandé dans le cadre de difficultés d’apprentissages. Ainsi, l’enseignant, l’orthophoniste, ou tout autre personne entourant l’élève peut recommander un suivi orthopédagogique. Pour faire l’état des lieux, l’orthopédagogue part d’une demande (ou plainte) scolaire, que l’on creuse lors d’un premier entretien, et au travers de plusieurs séances d’observation. Lors de ce début de prise en charge, l’orthopédagogue fait le point : où en est l’élève dans ses apprentissages ? Les pré-requis sont-ils maîtrisés ? Qu’en est-il du développement et de la santé de l’élève ? En plus des observations, les bulletins scolaires et autres bilans fournis sont utiles pour bien comprendre la situation. L’orthopédagogue peut aussi contacter les professionnels qui interviennent déjà auprès de l’enfant (et oriente vers d’autres professionnels au besoin).

C’est grâce à cette vue globale de la situation de l’élève que l'orthopédagogue est à même de dresser un premier bilan, d'où découlent objectifs et pistes d’intervention. Dès le premier rendez-vous, l’orthopédagogie se distingue donc du soutien scolaire par son champ d’observation et d’analyse.

Prendre de la hauteur :

prendre de la hauteur l’approche de l’orthopédagogue est globale. Elle s’intéresse à l'élève en tant que personne. Pour prendre un exemple concret : en recevant un élève dont la plainte scolaire est exprimée par «je suis nul en maths...» ou «je n'arrive pas à mémoriser le vocabulaire et les définitions...», le mouvement de l'orthopédagogue ne va pas vers les mathématiques, le vocabulaire ou les définitions. Non, au contraire, il s'en éloigne.

Pourquoi ? Parce que grâce à cette prise de hauteur, on peut accompagner l’élève en tant que personne, et pas seulement en tant qu’apprenant. Pour quoi ? Cela permet de prendre en compte la sphère émotionnelle, la motivation, et toutes les spécificités de la personne dans son environnement et dans son histoire. Le contexte de l’élève (enfant, adolescent ou adulte) a un impact sur ses apprentissages. Apprendre demande des ressources. Ces ressources sont rendues plus ou moins disponibles par l'environnement, l'état d'esprit de l'élève, son état de santé (alimentation, sommeil…) entre autres. L'orthopédagogue s'assure donc de prendre en compte l'état général de l'élève.

Working mom Imaginez : ce matin, votre petit dernier a renversé son bol sur le sol de la cuisine avant de mettre les pieds dedans. Vous partez pour l’école déjà en retard et avec un morceau de Chocapic dans les cheveux, tout ça pour vous rendre compte à mi-chemin que l'aînée a oublié son cartable... Vous arrivez donc en retard au bureau, tout en essayant de démêler le casse-tête de votre emploi du temps : sur une échelle de 1 à 10, à quel point vous sentez-vous disponible pour le séminaire stratégique qui commence dans 5 minutes ?

Remonter à la source :

vous commencez sûrement à comprendre l’une des différences majeures entre soutien scolaire ou aide aux devoirs, et orthopédagogie. En tant qu’orthopédagogue, j’accueille l’élève en tant que personne : j’écoute donc la problématique scolaire, les difficultés rencontrées... Ensuite, la question n’est pas de savoir qu'est-ce que je peux faire apprendre à l'élève ? mais plutôt pourquoi cet élève n'accède pas à tel ou tel apprentissage ?.

saumon qui remonte une rivière L’orthopédagogue remonte en amont de la difficulté, avec pour objectif d’aller à la source. L’objectif final est de trouver les clefs qui permettront de dépasser les obstacles qui gênent l'apprentissage. Par exemple, une difficulté de compréhension peut-être due à beaucoup de facteurs différents, parmi lesquels : des difficultés d’attention, de traitement de l’information, de vocabulaire...

Automatiser les pré-requis :

nuage qui danse on repart de la base ! En mathématiques : l’élève a-t-il un bon sens du nombre ? Est-il capable de faire des liens entre nombres symboliques et non-symboliques ? L’élève a des difficultés pour travailler en autonomie : les fonctions exécutives sont-elles bien développées et automatisées ? Pour chaque compétence, un entraînement est proposé à l’élève en fonction de la problématique globale et de ses préférences. Vous ne penseriez pas construire une maison sans fondations ? Ajouter un étage à un édifice déjà fragile ? C’est pareil quand on apprend ! Les neurosciences (en plus du bon sens !) démontrent que les entraînements ciblés et gradués sont efficaces pour remédier aux difficultés d’apprentissage, et même lorsqu’il s’agit de troubles d’apprentissage (tels que la dyscalculie 1 ou la dyslexie 2).

Apprendre l'introspection :

Comme un iceberg par cet aspect, l’orthopédagogie a une zone de recoupement avec la psychologie. L’introspection, c’est tout à la fois la clef de voute et la grande oubliée des apprentissages. L’orthopédagogue s’emploi à éclairer cette boîte noire, et à faire prendre conscience à l’élève de ce qui s’y passe. Donc, dès le début du suivi, on commence à développer l’introspection, pour une meilleure connaissance de soi, de ses fonctionnements et de ses possibilités !

Décontextualiser :

 un simple imagier  que 10%  Tower of logic
un simple imagier (ici celui de Lucie "Jardin d'Ortho") permet d'observer beaucoup de mécanismes chez l'élève l'extrait d'un Petit Quotidien permet d'évaluer, entre autres, la compréhension Le jeu Tower of Logic de Smart Games permet d'observer (ou d'entraîner !) les stratégies de raisonnement, mais aussi l'émotionnel...

si l'élève est venu jusqu'à l'orthopédagogue, la plupart du temps, c'est qu'il y a un soucis par rapport à l'école, aux études. Cela peut aller de quelques difficultés de compréhension écrite, à un manque de méthode, en passant par un manque de motivation, ou carrément un décrochage, voire une phobie scolaire… Alors, on commence par alléger le stress associé aux apprentissages en évitant les activités qui sont trop scolaires en apparence. Cela nous permet aussi de créer un lien avec l'élève, de vérifier ses savoir-faire en tant que tels.

Si l'accompagnement commence par de la décontextualisation, l'objectif n'est pas d'y rester. On procède par étapes !

Transférer !

J'ai gardé le meilleur pour la fin. L'une des choses qui me passionnent réellement dans ma pratique de l'orthopédagogie, c'est la notion de transfert. J'entends par là : le fait que l'on développe des compétences et des qualités qui seront ensuite transférables non seulement aux apprentissages scolaires, mais dans la vie en général ! Oui, parce que vous vous dites peut-être que c’est bien joli de jouer et de s’entraîner, mais qu’il faut être capable de lire, d’écrire et de compter.

Allez, un petit récap ?

sketchnote

Nota bene : le soutien scolaire est souvent très utile et mené par des personnes passionnées et parfois incroyablement pédagogues - certains orthopédagogues proposent d’ailleurs du « soutien scolaire à visée orthopédagogique ». L’aide aux devoirs, ou soutien scolaire, peuvent être complémentaire d'un suivi orthopédagogique. Idéalement, les deux intervenants communiquent entre eux pour assurer une cohérence dans la prise en charge de l'élève. L'objet de cet article n'est donc pas de porter un jugement de valeur sur l'une ou l'autre activité, mais bien de tracer leurs contours respectifs. Soutien scolaire ou orthopédagogie, il n’y a pas de meilleure approche, tant que les besoins et particularités de l’élève sont respectés !

A tout âge, pour tous les apprentissages !

Vu de haut

Pour résumer : l'orthopédagogue a pour vocation d'ailler au-delà, en amont, en aval et autour de la plainte initiale de l'élève. On prend l'élève un peu plus haut, pour l'amener un peu plus loin.


  1. Etude réalisée sur un groupe d’enfants dyscalculiques, pour qui l’entraînement a pour résultat d’améliorer le calcul : Kucian K, Grond U, Rotzer S, Henzi B, Schönmann C, Plangger F, Gälli M, Martin E, von Aster M. Mental number line training in children with developmental dyscalculia. Neuroimage. 2011 Aug 1;57(3):782-95. doi: 10.1016/j.neuroimage.2011.01.070. Epub 2011 Feb 2. PMID: 21295145. 

  2. Pour la dyslexie, voir l’étude de Simos et al. Qui conclut que le déficit d’activation neuronal lié à la dyslexie peut-être inversé grâce à un entraînement intensif Simos PG, Fletcher JM, Bergman E, Breier JI, Foorman BR, Castillo EM, Davis RN, Fitzgerald M, Papanicolaou AC. Dyslexia-specific brain activation profile becomes normal following successful remedial training. Neurology. 2002 Apr 23;58(8):1203-13. doi: 10.1212/wnl.58.8.1203. PMID: 11971088.